« Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que tu sois si méchant ? » Il aurait voulu répondre bien des choses. Parce qu’elle ressemblait trop à sa défunte femme, parce qu’elle était incroyablement naïve, parce qu’elle prenait des risques inconsidérés sans même s’en rendre compte, parce qu’il était persuadé qu’elle faisait fausse route. Parce qu’il l’aimait bien. Il se contenta d’un simple soupire. Elle ne comprenait pas comment fonctionnait cette ville. Elle était arrivée en ville trop récemment, alors elle ne pouvait comprendre. Elle était arrivée la tête pleine de texte de lois et une idée bien précise de ce qu’était la justice, mais elle était à Gotham et ici, les choses étaient bien différentes de ce qu’elle pouvait s’imaginer. Evidemment, il fallait qu’on la lui colle dans les pattes. Elle était sa partenaire et elle était certainement celle qui allait les faire tuer. Elle était appliquée dans son travail, là où il avait appris à laisser tomber quand il fallait laisser tomber. Il avait une famille à protéger et il ne voulait pas qu’il arrive malheur à ses filles sous prétexte que sa collègue aurait trop joué avec le feu. Il l’envoyait souvent balader, c’était sa façon de la remettre à sa place ou simplement sa façon de faire comme s’il était indifférent à tout ce qu’elle était. Il la connaissait depuis maintenant un an et il devait bien admettre qu’il l’appréciait un peu trop. « Je ne suis pas méchant, je suis réaliste. » Il l’était dans le fond, à chaque fois qu’il lui disait qu’elle n’était qu’une idiote irresponsable. Elle se lançait dans les pistes trop dangereuses, ignorant qu’à Gotham, les criminels avaient le dessus sur les flics. Il avait beau lui avoir expliqué la situation de toutes les façons possibles inimaginables, elle ne voulait rien entendre. D’après elle, elle ne faisait que son boulot et il ferait mieux d’en faire autant. Lui, il n’avait pas envie de se faire descendre, il préférait encore être un mauvais flic en vie qu’un bon flic bouffant des pissenlits par la racine, six pieds sous terre. « Des gens se font tuer, ça c’est réel ! Les flics qui s’en foutent complètement, ça ne l’est pas ! » Il leva les yeux au ciel. Cette discussion était vaine, complètement stérile, autant essayer de discuter avec un mur, il était certain que ce serait moins pénible. « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Tu fais exprès de ne rien comprendre ou bien tu es mentalement dégénérée ? Je suis presque sur qu’ils ont encore de la place à l’asile si ça t’intéresse ! » Il fallait bien qu’elle le fasse exprès pour ne pas comprendre ce qu’il disait et tous les avertissements qu’elle avait déjà reçus. « Je vais bien ! Vous êtes cinglés de vous laisser berner par un trafiquant de drogue ou je ne sais quoi. » Si ce n’était qu’un trafiquant de drogue, les choses seraient certainement plus simple. « Tu sais quoi ? Fais ce que tu veux, mais personne ne va te suivre dans cette affaire. » Elle leva les yeux au ciel d’un air choqué. « Ils ont tué des gens ! » Oui, Macallister et sa bande avaient encore tué des gens, c’était tragique, mais il n’y avait rien qu’ils puissent faire. « Si c’était ta femme, tu voudraient qu’ils paient ! » Il senti chacun de ses muscles se contracter suite à cette réplique, cette fois s’en était trop, il fallait qu’il la laisse ici et qu’il se casse. « Ne parle pas de ma femme ! Peut-être que toi tu n’as rien à perdre si ce n’est ta droiture et ton honnêteté. Je me fiche de ces conneries, j’ai des filles. » Il n’y avait rien qu’il ne ferait pas pour ses filles et si ça voulait dire qu’il devait renoncer à sa droiture, ça lui convenait parfaitement. Elle ferait ce qu’elle voudrait, mais ce serait sans lui, ce serait sans l’aide de la police, puisque rares étaient ceux qui étaient prêt à prendre autant de risques pour une cause perdue d’avance.