« Eliza … » Lentement, il avait poussé la porte de la petite boutique que tenait la jeune femme. Occupée à mettre en forme un bouquet, elle ne pris même pas le temps de relever la tête. Elle savait qui venait d’entrer dans sa boutique et si d’habitude, elle lui adressait ses plus beaux sourires, aujourd’hui, elle n’en avait pas envie. Sans doute qu’elle n’en aurait plus jamais envie. « Tu ne devrais pas être là. Le business que tu gères te prend certainement un temps fou. » Il laissa échapper un léger soupire, évidemment, il s’attendait à ce genre de réflexion, mais il avait voulu tenter sa chance, comme s’il pouvait encore changer les choses. Il connaissait Eliza depuis plusieurs années maintenant, elle tenait cette boutique de fleurs depuis un moment et lui, il venait chaque année lui acheter un bouquet à mettre sur la tombe de son épouse. Ils avaient souvent eu l’occasion de discuter et un an plus tôt, il ne savait pas vraiment pourquoi, il avait décidé de l’invité à dîner. Ils s’étaient rapprochés et certains auraient presque pu les voir comme un couple, depuis quelques mois. Le problème était qu’il ne lui avait pas dit toute la vérité sur ce qu’il faisait. Évidemment, dire à une fille qu’on gère un réseau de prostituées c’est loin d’être la meilleure approche possible. Elle ne savait de sa vie que ce qu’il voulait bien qu’elle sache, mais la sœur de la jeune femme travaillait pour lui et elle avait jugé bon de le mettre en garde, il fallait maintenant croire qu’elle le détestait. « Je suis désolé, je peux t’expliquer … » Il n’y avait pas grand-chose à expliquer et il n’y avait probablement qu’à ses yeux que ses arguments étaient valables. Il pouvait toujours essayer si elle lui laissait sa chance. Il lui avait caché beaucoup de choses c’était certain, elle ne savait même pas qu’il avait grandi dans la rue et que s’il en était arrivé là où il en était aujourd’hui, c’était parce qu’il avait eu envie de sortir de cette merde qu’il avait connue. Il ne regrettait rien dans son commerce tant qu’il lui permettait de ne plus vivre dans la misère. Elle leva enfin les yeux vers lui avant d’agiter lentement la tête de gauche à droite. « Je ne veux rien savoir. » Elle préférait certainement se tenir éloignée de toutes ces histoires sordides. « S’il te plait va-t-en. » Il fit un pas vers elle et elle lui lança un regard noir, c’était la première fois qu’il pouvait lire autant de colère sur ces traits pourtant habituellement si doux. Il n’insista pas, il se contenta de quitter la boutique sans un mot, simplement en lui adressant un dernier regard avant de tracer sa route dans les rues de Gotham.